Qu’est-ce que l’analyse transgénérationnelle ?

Il s’agit d’une approche psychanalytique qui prend en compte une personne et son système familial sur plusieurs générations.

Cette démarche thérapeutique s’appuie sur différentes approches : la psychologie, la psychanalyse, la systémie et la sociologie et sur plusieurs constats, nous héritons de nos ancêtres, nous sommes le maillon d’une longue chaîne, tous reliés par un conscient et un inconscient familial et collectif.

Chaque membre de la famille est replacé dans son contexte socio-économique et géographique. Ainsi l’Histoire et l’histoire familiale se croisent et apportent des informations sur le vécu des ascendants.

Le travail se focalise autant sur l’inconscient de l’analysant que sur celui de sa famille et cherche à identifier ce qui a pu se transmettre à bas bruit en intergénérationnel (personnes qui se connaissent ou se sont connues) et en transgénérationnel (personnes qui ne se sont même pas connues).

L’analyse transgénérationnelle va s’intéresser particulièrement à l’histoire intime des familles, aux transmissions inconscientes, à tout ce qui ne s’est jamais dit par peur de souffrir ou par honte.

Les secrets faussent les relations et ont des effets très néfastes. Honte et secret vont souvent de pair. Les secrets aux conséquences les plus lourdes concernent particulièrement la mort, la sexualité, la filiation.

Le psychiatre Serge Tisseron précise : « Si à la première génération le secret est indicible, à la deuxième il est innommable et à la troisième il devient carrément impensable ».

Ce non-dit, cet impensé généalogique va agir comme un élément perturbateur.

Tous les événements marquants tels que les guerres, les crises économiques, les morts brutales ou violentes, les injustices, les trahisons, les exils subis traversent malheureusement les époques et traumatisent pour longtemps les individus et les familles. L’être humain cherche par tous les moyens à fuir une trop grande souffrance et bien souvent le déni, l’oubli, le refoulement font leur œuvre. Une, deux ou trois générations plus tard parfois des maux, des symptômes, des problématiques apparaissent obligeant ainsi à regarder le passé.

Nous savons aujourd’hui que lors d’événements traumatiques, les individus vont souvent se dissocier sous l’effet du choc pour pouvoir continuer à vivre normalement. La clinique transgénérationnelle parle alors de crypte dans le psychisme d’une personne et de fantôme dans le psychisme de ses descendants.

En effet, nous ignorons souvent ce qui nous a été transmis, ce que contient notre héritage psychique et l’exploration de l’histoire de la famille va souvent permettre de pointer et de nommer un événement caché ou refoulé et dont la charge émotionnelle est souvent restée intacte malgré les effets du temps.

Ainsi par loyauté familiale et fidélités inconscientes des descendants prennent à leur compte des difficultés qui ne leur appartiennent pas et peuvent être extrêmement perturbés et se sentir totalement démunis, ne connaissant pas du tout l’origine de leurs difficultés. Selon Ivan Boszormenyi-Nagy, psychanalyste hongrois, il existerait comme un grand livre des comptes au sein d’une famille et les mérites et les dettes seraient comptabilisées. Comme dans tout système, un principe d’homéostasie est à l’oeuvre dans les systèmes familiaux qui cherchent à se réguler pour conserver un certain équilibre et une unité. Mais à quel prix ? Parfois un membre du clan, désigné comme le symptôme va se sacrifier et porter sur ses frêles épaules tous les maux du système.

Robert Neuberger, psychiatre et psychothérapeute, nous parle du mythe familial et de son importance dans son livre « Le mythe familial« . En effet ce rêve collectif est aussi à interroger. Quelle histoire se raconte au sein de la famille ? Quels aménagements ont été mis en place au fil des générations ?